Sanctuaire à répit ou inhumations clandestines ? Le cas des sépultures des xviie–xviiie siècles de très jeunes immatures de la chapelle Saint-Laurent de la Capelette (Marseille, Bouches-du-Rhône)
“Respite Sanctuary” or Clandestine Burials? Burials of Very Young Individuals at the Saint-Laurent de la Capelette Chapel in Marseille (17th–18th Centuries)
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Faculté de médecine, secteur Nord, Aix-Marseille université–CNRS–EFS, UMR 7268 Anthropologie bioculturelle, Droit, Éthique et Santé (ADES), boulevard Pierre-Dramard, F-13344 Marseille cedex 15, France
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Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap Méditerranée), centre de recherches archéologiques de Marseille, 14, rue d'Anthoine, plateforme logistique d'Arenc, F-13002 Marseille, France
* e-mail : sandy.parmentier@wanadoo.fr
La chapelle Saint-Laurent de la Capelette (Marseille) a fait l'objet d'une fouille archéologique préventive réalisée par l'Inrap. La fonction funéraire de cet édifice, construit en 1654, est attestée dans les archives, d'abord par la mention d'inhumations réalisées à l'intérieur jusqu'en 1776, puis par la création d'un cimetière à l'extérieur, fonctionnant jusqu'au milieu du xixe siècle. La fouille de l'espace intérieur de la chapelle a mis au jour 24 inhumations primaires, datées entre le milieu du xviie siècle et le début du xviiie siècle. Ces inhumations, en pleine terre ou en cercueil, ont livré les restes de 25 individus parmi lesquels de nombreux fœtus et périnataux. La forte proportion d'inhumations de très jeunes immatures à l'intérieur de la chapelle permet de s'interroger sur la fonction de cette dernière et notamment sur une possible utilisation comme un « sanctuaire à répit ». Cependant, il convient de rester prudent quant à son utilisation comme un sanctuaire à répit au sens strict. En effet, il est tout à fait possible que des enfants morts puissent avoir été amenés dans la chapelle afin d'attendre le miracle du retour à la vie leur permettant ainsi d'être baptisés et ensuite enterrés dans le sol de la nef. Toutefois, l'absence d'un prêtre résidant sur place, jusqu'au début du xviiie siècle, peut aussi avoir facilité la pratique d'inhumations clandestines réalisées, avec ou sans l'accord du fossoyeur, par les parents soucieux du devenir de leur enfant décédé.
Abstract
A preventive archaeological operation was conducted by the Inrap at the chapel of Saint-Laurent de la Capelette (Marseilles). Built in 1654, its funerary function is attested to in historical registers, first by references to burials inside the chapel up to 1776, then by the creation of a cemetery outside the chapel that was used until the mid-19th century. During the excavation, 24 burials were discovered and dated from the mid-17th century up to the beginning of the 18th century. These burials contained the remains of 25 individuals, including many foetuses and perinatals. The large number of very young individuals found inside the chapel raises the question of its function as a “respite sanctuary”. It is possible that these stillborn infants had been brought to the chapel to await a potential reawakening to life, so that the priest could baptize them before they were buried in the nave. However, no priest was in residence until the beginning of the 18th century, which could have favoured clandestine burials. These burials, undertaken with or without the agreement of the gravedigger, would have been carried out by parents concerned about the afterlife of their deceased children.
Mots clés : Pratiques funéraires / Périnataux / Époque moderne / Sanctuaire à répit / Inhumation clandestine
Key words: Funerary practices / Perinatal deaths / Modern period / “Respite sanctuary” / Clandestine burial
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